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Comment restaurer ?

Un exemple

"Chaque constructeur légalement propriétaire d'un coin de terre, n'en est pas le gardien. Il en a l'usufruit, comme l'ont eu les générations précédentes, comme l'auront les générations qui nous suivent. Evitons à ces terres les dégradations et pollutions, même esthétiques".

Dr. A. Cayla, co-fondateur de Maisons Paysannes de France.

Restaurer une maison ancienne... un rêve, un moment privilégié qui devrait toujours être un plaisir. Si chacune est un cas particulier, un certain nombre de données sont communes à tous les "pays" du Quercy lotois. Le principe fondamental est de conserver au maximum les éléments d'origine encore en bon état. Avant de se lancer tête baissée dans les travaux, l'approche devrait être circonspecte, concrète et pratique. Il est souhaitable par exemple d'observer les maisons du voisinage, les pentes des toits, la taille des lucarnes, la végétation et de visiter des restaurations bien faites. La précipitation à faire disparaître systématiquement tous les signes de vieillesse comme la courbure d'un faîtage, le fruit d'un mur ou à faire tomber un enduit usé par le temps, conduit à de brutales "remises à neuf" qui banalisent la maison. Adieu alors le charme subtil qui avait motivé l'acquisition. Restaurer implique de multiples connaissances qui ne s'acquièrent que progressivement. L'ignorance de certains savoir-faire propres aux constructions d'autrefois, tels que les enduits à la chaux aérienne, demande une recherche. Consulter Maisons Paysannes c'est rencontrer des amis et mettre le maximum de chances de son côté.

Une restauration devrait toujours être un plaisir.

Les conseils ne s'appliquent qu'au cas par cas et pour un lieu et une construction spécifique.

Accompagnons un tout nouveau propriétaire.

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Maison de plein pied du causse de Gramat, dont le jambage de portes et les encadrements chanfreinés indiquent le XVIIIème siècle. Une cazelle, ici à toiture conique, à base circulaire (elles sont souvent en forme de cloche à base circulaire ou quadrangulaire) couverte d'une voûte en "tas de charge", est un bon exemple de l'art de la pierre sèche.

Le principe est posé : ne pas tendre à la maison neuve mais rétablir dans son état une maison rurale, sans altérer le caractère. Prévoir des tranches de travaux réservant l'avenir, et rendre habitable sans tarder une partie de la maison.

Première tranche :

Se concentrer sur le rez-de-chaussée de la maison qui comporte en l'état deux pièces, une salle à vivre éclairée par deux fenêtres et la porte d'entrée, avec son cantou et sa souillarde éclairée par un oeil-de-boeuf. C'est sur la seconde pièce, plus petite, que des cloisons seront construites et cuisine, salle d'eau et wc aménagés. Ceci permet de réunir en un seul point, alimentation en eau, évacuation et traitement des eaux usées sur le terrain côté pignon. Pour le complément de lumière, création sur le mur pignon de deux fenestrous avec des pierres de récupération.

Travaux à entreprendre : remaniement de la toiture avec changement des liteaux et de deux chevrons sans isolation ni pose de lucarne en bâtière. Pose d'une mitre en tuiles canal sur la souche de cheminée. Au premier étage : parquet de planches larges et inégales de peuplier ou de chêne sur les solives - simplement lessivées. Comme pour la pierre, on ne sable pas. Pour la grange : création d'un chevêtre pour un futur escalier éventuel. Au sol, sur le rocher, pas de hourdis en béton mais une chape de mortier de chaux aérienne et sable, et brisures de chanvre, qui sera un protecteur thermique et phonique - en évitant les problèmes d'humidité - et un carrelage de terre cuite avec des joints minces et de couleur claire. Les murs intérieurs recevront un enduit mince au mortier de chaux grasse et sable local au suivi des murs, sans creux ni bourrelets. Aucun ciment n'enfermera l'humidité. Le bel enduit extérieur est laissé tel sauf quelques retouches.

Deuxième tranche :

Importants travaux de charpente, de couverture et d'isolation sur la grange. Les solives sont récupérables, un nouveau plancher est à prévoir. Dans cet espace, trois chambres seront créées, l'accès se faisant par l'escalier extérieur en pierre et la grande lucarne fenière dont on maintient la porte en bois plein qui devient volet. L'éclairement se fait par une porte vitrée placée deux mètres à l'intérieur, complétée par deux fenestrous en façade et un en mur pignon. Tous les détails comptent et demandent une observation attentive des maisons rurales alentour : choix et exécution des lucarnes, portes, fenêtres, nombre de carreaux, volets, badigeons, peinture, quincaillerie, sols...

Les abords : les deux murs de pierre sèche existants, les murets de l'ancien potager et la cazelle seront restaurés ultérieurement avec les mêmes techniques et matériaux. Des compléments de clôture peuvent être traités en haies vives ou en pierre sèche (déconseillons les conifères tels que les thuyas, les laurières, au profit d'essences locales). Le noyer est précieusement conservé et une treille sera plantée contre la façade. Un petit jardin d'herbes aromatiques sera commencé dans l'ancien jardin clos. Pour les arbres le choix se portera sur des sujets d'essences poussant spontanément : érable de Montpellier, chênes et cornouillers. Conserver quelques pruniers sauvages, figuiers et chèvrefeuilles. Comme pour l'architecture, ces suggestions sont naturellement à moduler suivant les différents pays du Lot.

Conseils de restauration

Votre maison est un élément d’un ensemble (hameau, village…) appartenant à une région naturelle. En la restaurant, vous participez à la sauvegarde du patrimoine qui est le vôtre mais aussi celui de tous.

 
L’extérieur

Dans tous les cas, observez bien vos bâtiments jusque dans les détails architecturaux et, dans le cas de transformations malencontreuses (toitures et lucarnes modifiées, ouvertures agrandies, escaliers et porches disparus…), recherchez dans votre entourage (commune, canton) les maisons traditionnelles préservées, qui seront pour vous la meilleure source d’information pour restituer à votre demeure toute son authenticité.

 
L’intérieur

Une bonne restauration consiste à apporter le confort moderne tout en préservant les éléments anciens qui apporteront un charme certain à votre aménagement : cheminée, planchers, escaliers, enduits…

 
Attention !!!

Ne pas vouloir systématiquement agrandir les ouvertures, mais songer plutôt à en rajouter en taille et en quantité raisonnable. Ne pas vouloir systématiquement « faire les joints ». Sachez conserver les enduits à la chaux (cela se répare) qui protègent et embellissent des murs parfois médiocres (intérieur comme extérieur).

 
Les abords

Une maison bien restaurée peut perdre tout son charme dans un environnement inadapté. Ne transposer pas un aménagement urbain dans un cadre rural. Evitez les haies rigides de thuyas et laurières ainsi que les clôtures préfabriquées et piscines avec tunnel. Le jardin traditionnel est avant tout productif, pensez aux arbres fruitiers locaux et au potager entouré de murets en pierre sèche.

Aide au diagnostic du bâti existant

Appréhender, évaluer l’état actuel du bâtiment, le comprendre pour le respecter avant toute intervention.

 

Structures

Fondations et murs : des fissures profondes peuvent indiquer une déstabilisation des fondations (tassement, présence d’eau).

Planchers : vérifier l’état des poutres dans les encastrements dans les murs (pourrissement, attaques d’insectes et champignons).

Cloisons : ne pas supprimer les cloisons porteuses.

Charpente : vérifier l’état des assemblages, enfoncer un poinçon dans les parties de bois suspectes. Attention aux suppressions d’éléments de charpente qui fragilisent l’ensemble.

Couverture : vérifier l’état du matériau de couverture et de son support (volige ou lattis), les fuites sont visibles dans le grenier au niveau de la charpente.

 

Equipements

Menuiserie : observer les menuiseries anciennes (extérieures et intérieures) pour en tenir compte dans le projet de restauration. Les bois étaient toujours protégés et peints, suivant des traditions locales variées.

Sols : essayer de conserver le sol ancien (dallage pierre, terre cuite, plancher), c’est un élément de valorisation.

Enduits : l’enduit est une protection de la maçonnerie des murs (contre le gel des pierres, la pénétration de l’eau de pluie…), il sera restauré avec des sables locaux qui lui donnent sa coloration.

Electricité – Gaz : s’assurer de la conformité de l’installation.

Assainissement des eaux usées : deux possibilités : soit un assainissement collectif demandant un réseau d’égout à proximité, soit un assainissement individuel (renseignements en mairie).

Chauffage – Plomberie : attention aux choix énergétiques, ne pas dénaturer le bâti (par exemple : préférer des panneaux solaires au sol, plutôt qu’en toiture de la maison principale).

Isolation : le choix des isolants est important pour le rendement énergétique, attention toutefois à son impact esthétique.

Isolation menuiserie : les doubles vitrages modifient l’aspect des fenêtres, essayer dans la mesure du possible de garder le matériau bois et les sections d’origine.

Isolation toiture et murs : les matériaux ne doivent pas modifier les aspects du bâti et si possible respecter les caractéristiques de la construction traditionnelle.

 

Consulter un professionnel

Vous l’avez compris, la restauration réussie d’une maison traditionnelle n’est pas aussi simple que cela paraît. Vous serez tenté par la multitude de matériaux contemporains à votre disposition, vous serez sollicité par des démarcheurs, aussi, n’hésitez pas à consulter des professionnels qualifiés (maîtres d’œuvre, artisans) qui pourront établir un diagnostic précis et définir avec vous le programme des travaux.

 

Consulter l’association Maisons Paysannes de France

L’association Maisons Paysannes de France

L’association Maisons Paysannes de France

Préservation et restauration du patrimoine rural

La construction et en particulier l’habitat rural sont l’expression d’un pays. Dans la représentation d’une maison, nous pouvons reconnaître la géologie, le climat et l’activité des habitants.

Tous les matériaux traditionnels, viennent du sol et malgré une diversité d’expression, ils ont engendré une image architecturale harmonieuse. Cette image est fragile.

L’évolution de ce bâti, qui accède maintenant à une offre de matériaux diversifiée et standardisée, est délicate. Un bâtiment ne représente plus l’activité de son propriétaire ; chacun a des besoins de confort (plus de lumière, plus de place, plus de chaleur) qui modifient parfois profondément le bâti traditionnel.

Cette évolution ressemble parfois à une mutation. La façon de bâtir les villages, les agrandissements successifs, les ajouts de bâtiments annexes, ont créé des ensembles pleins de charme. La marque de la main de l’homme donne une valeur humaine à l’architecture traditionnelle.

Enchevêtrement de toitures, de maisons, de petites ouvertures, de murs en pierre sèche… ne correspondent plus à l’organisation actuelle de la vie.
Les informations MPF ont pour buts : (articles 1 et 2 des statuts)

-       de sensibiliser les propriétaires de bâtis traditionnels aux spécificités de l’architecture rurale locale et à son intégration dans le paysage, afin d’en conserver l’authenticité, l’harmonie et la charme.

-       de distinguer les interventions sur les bâtis anciens :

conservation (maintenir durablement = entretenir, préserver de l’altération)

restauration (réparations consistant à sauvegarder ou à restituer des éléments d’architecture)

rénovation (remettre à neuf, donner une nouvelle forme, une nouvelle existence)

MPF conseille fortement la conservation et la restauration, et en cas d’un changement d’affectation (ex : transformation d’une grange en habitation), une rénovation de qualité.

-       de donner un avis au stade de l’esquisse ou de l’avant-projet d’un maître d’œuvre*, puis tout au long des travaux : jugement sur l’esthétique et l’intégration du projet.

-       de faire connaître des chantiers similaires, de favoriser la rencontre de propriétaires et de permettre ainsi la transmission d’adresses et de maîtres d’œuvre* et artisans intéressés par la préservation du bâti traditionnel. Notez que l’association ne doit pas fournir de liste écrite de professionnels du bâtiment (architectes, artisans, fournisseurs…)

-       d’orienter les propriétaires (auto-constructeurs, bricoleurs) vers des journées d’initiation ou des stages de formation, pour une bonne mise en œuvre des matériaux traditionnels (pierre, chaux, bois, fer…) et contemporains (isolation naturelle etc). Exemples d’initiations organisées : maçonnerie, murs en pierre sèche, enduits et badigeons à la chaux, isolation au chanvre, entretien charpente et couverture, vieillissement des ferronneries…

Quelles sont les responsabilités de chacun ?

Le maître d’ouvrage*, le maître d’œuvre* et les artisans, prennent les responsabilités respectives et assurent la garantie de leurs prestations notamment la garantie décennale prévue par la loi.

L’association ne se substitue pas aux professionnels du bâtiment (choisis librement par le maître d’ouvrage) et exclut tout action de maîtrise d’œuvre.

Aucun plan, croquis ou descriptifs de travaux et aucune liste de professionnels ne doit être remis au propriétaire.

Les informations données ne peuvent en aucun cas engager la responsabilité de l’association nationale ou de la délégation départementale.

Fiche de synthèse : une fiche de synthèse pré-imprimée est remise au propriétaire, le double étant conservé par l’association.

Photos : des photos seront prises avec l’autorisation écrite du propriétaire.
*Maître d'ouvrage : c’est le propriétaire, personne physique ou morale, pour le compte de qui des travaux ou des ouvrages sont exécutés. Il choisit le maître d’œuvre (parfois sur concours), s’entend avec lui sur un avant-projet, puis sur un projet et sur les solutions techniques proposées, et confie au maître d’œuvre la coordination et le suivi des travaux, dont il assure le paiement suivant un échéancier convenu.

*Maître d’œuvre : celui qui est chargé d’une mission d’étude et de conseil, puis de la conception, du suivi des travaux, de coordination, pour le compte de son client (maître d’ouvrage). Selon le type de travaux, le maître d’œuvre peut être un architecte, un agréé en architecture, un ingénieur, un bureau d’étude ou d’ingénierie… Parfois, maître d’œuvre et maître d’ouvrage ne font qu’un (industries, grandes municipalités, communautés et communes…). (D’après DICOBAT, dictionnaire général du bâtiment).

Construction et matériaux

Construction et matériaux

« Il n’est de science que de l’homme » écrit Jean Bodin, au XVIe siècle. C’est bien l’homme, l’homme seul, qui a la conception et décide ce dont il a besoin, pour son travail et pour sa famille, et qu’il veut construire. C’est lui le paysan, habitué à l’infinie variété des travaux, à sa terre, à son matériel, à ses bâtiments existants. Il sait ce qu’il peut construire lui-même, avec sa famille et quelques voisins, car l’entraide est de coutume. Il sait ce qu’il demandera au maçon et au charpentier, dont il se fera l’aide. Ce sont gens du pays, ils connaissent le genre de vie, qui est aussi le leur. Ils connaissent les matériaux auxquels ils attribuent de la vie mystérieuse. Ils en tiendront compte dans leur technique d’emploi, dans leur calendrier vis-à-vis des quartiers de lune.

Matériaux

Ils étaient pris sur place, ou à peu de distance, car les chemins étaient insuffisants, surtout en entretien. Les animaux seuls assuraient le portage ou la traction sur de lourds chariots. Mais le pays ne manquait pas de matériaux.

La pierre

Elle est partout abondante, sauf dans les plaines alluviales vers le sud, aux rives droites du Tarn et de la Garonne. Mais même dans les vastes étendues calcaires, elle se présente sous des formes et des qualités diverses. Sur les causses le sol laisse apparaître surtout des plaquettes, nées de l’érosion et des gelées. Le paysan sait qu’il doit épierrer avant tout travail de la terre. Il en fait de petits murs et des « gariotes » ; il y songera pour la couverture. En bien des endroits, le sous-sol lui donne une pierre de taille, facile à tailler de façon régulière et à appareiller en murs au beau parement, dont les joints seront peu visibles, à peine jointoyés au mortier de chaux grasse, bien ductile.

Mais dans la majorité des cas, on doit se contenter de moellons de tailles diverses, faciles à manier, leur poids étant médiocre. Il faut les « ébousiner » d’une superficie fragile. Il est rare que l’on puisse les appareiller, même de façon un peu régulière. On est amené à les noyer dans un liant de mortier s’étalant en crépi de surface. C’est alors une maçonnerie mixte. Dans tous les cas, la teinte reste celle du sol. La maison, par son matériau, est bien du pays.

Lacapelle-Marival a construit ses maisons, son château, ses halles et les maisons de son voisinage avec un beau grès, dont on appareillait les lourds blocs.

Plus au nord, dans la Châtaigneraie, les terres primaires presque cantaliennes, utilisent les plaques de schiste et des blocs de granit, durs à l’attaque de l’outil. Les lauzes de schiste, comme en Cantal, couvraient les toits ; mais depuis plus d’un siècle on a adopté la tuile canal du Figeacois.

Partout cependant on s’efforçait de trouver de beaux blocs, indispensables pour les chaînages d’angle des maisons, les linteaux et les jambages des ouvertures, les marches de l’escalier, les dalles de la terrasse et même souvent les piliers du toit du « bolet ».

C’est encore à la pierre qu’on demandait de tailler des auges, des bacs, des pétrins, des pressoirs à huile (de noix), des margelles de puits et surtout des rouleaux pour tasser la terre, et, près de l’Agenais ces rouleaux tronconiques pour dépiquer le blé sur l’aire, où tournait l’attelage de bœufs.

Citons encore les mesures à blé des halles de Beauregard, ou de Saint-Cirq-Lapopie, et, dans les églises, les fonds baptismaux et les bénitiers.

Dans la maison même, les plaquettes servaient surtout à couvrir les toits, avec autant de tradition que dans le Sarladais du Périgord Noir, où on les entretient encore. Nous verrons qu’à cette pesante couverture, on donne une forte pente pour que les pierres soient disposées en « tas de charge », soutenues par les seuls arbalétriers et n’agissant pas sur les murs, à leur écartement.

Comme matière minérale, on devrait citer encore l’ardoise. Elle n’a joué aucun rôle traditionnel, il n’y avait pas d’ardoisières. Mais il s’en est ouvertes dans le Bas-Limousin ; la région de Souillac a utilisé ce matériau. Quelques maisons isolées l’ont adoptée par vanité. C’était montrer son aisance que de se mettre sous l’ardoise.

Le bois

C’est le deuxième matériau capital. Il n’y a pas en Quercy de grandes forêts, mais des régions boisées de petits chênes, et presque partout de beaux arbres isolés. Peupliers, chênes, hêtres dans la Châtaigneraie, frênes, noyers, tilleuls, arbres fruitiers, ormes, guère de résineux que l’on a malencontreusement multipliés et même le micocoulier avec lequel on faisait des fourches courbées et des manches de fouets, mais ni charpentes ni menuiseries dont nous parlons. Presque tout le monde avait un petit bois où l’on pouvait aller prendre celui dont on avait besoin. Parfois on y pensait d’avance et on en avait mis à sécher en prévision d’emploi. Il en fallait aussi pour le matériel d’exploitation, car on faisait ses barriques et bien d’autres outillages.

Les bois d’autrefois étaient surtout utilisés en « bois de brin » ou en bois refendu dans leur fil, non sciés, comme les merrains avec lesquels on fait les douves des barriques. Ils ont leurs légères courbures et leurs irrégularités. On les atténuait par un équarrissage à l’herminette, cette hache dont le tranchant est parallèle à la surface que l’on régularise. Chaque encoche évoque le geste de l’artisan. C’est plus agréable à voir que les lignes rigides, sciées, mécanisées. Pour les faire passer, certains donnent quelques coups d’herminette sur ces bois que livre notre temps. C’est une tromperie qui ne trompe pas l’œil, et c’est affligeant comme tout ce qui est faux.

Cependant, pour les voliges du plancher, il fallait des planches. On devait appeler les « rességuiers », les scieurs de long avec leur chevalet et leur scie à cadre, l’un placé au sol, l’autre sur le chevalet. Ou bien on portait ses bois à la scierie sur le ruisseau.

Un usage très spécial est celui de couvrir les calottes tournantes des moulins à vent par des bardeaux de bois, moins pesants que tout autre matériau.

La terre

Dans les plus humbles maisons, elle sert de liant économique. Elle est prise sur le sol, en choisissant de l’argile cohérente et non de la terre végétale qui se désagrège. Cela ne vaut cependant pas le mortier de chaux grasse, moins économique.

Mais elle est très largement employée dans ces plaines du sud, qui sont maintenant du Tarn et Garonne et qui n’ont pas de pierre. On pouvait la monter soi-même, mais il y avait pour son emploi des équipes itinérantes, allant de village en village avec leur matériel de coffrage, sachant choisir la bonne terre et lui mélangeant une juste proportion de paille ou de brindilles pour lui donner plus de cohésion. Parfois on laissait la terre seule constituer les murs ; mais il était préférable de la soutenir par des poteaux appelés « colombes », avec l’aide d’un charpentier. Ces maisons de pisé ou de torchis résistent parfaitement au temps. On a construit des maisons à étage, des moulins dont on sait l’ébranlement du mécanisme, et le risque des montées d’eau. Seules les grandes inondations de 1930 ont fait disparaître autour de Moissac et de Montauban les constructions à leur niveau. Les indemnisations ont permis de les reconstruire en dur, parfois en cailloux roulés. Ces constructions sont isothermes, arrêtent le bruit. Elles présentent un risque venant de ce qu’elles passent pour des demeures pauvres. On veut alors camoufler cette terre apparente. Quelque entrepreneur propose de cacher cette « pauvreté » derrière du ciment soutenu par un grillage. L’étanchéité est parfaite, le mur ne respire plus, la condensation se développe à l’intérieur, le vieux mur se dissout. Gardons ces murs de terre comme ils ont été conçus.

Dans les autres parties du Quercy, les murs de terre sont rares. Robert Latouche en signale à Montpezat-de-Quercy, Jean Lartigaut a relevé dans un acte notarié de Lauzerte, une maison de terre et de « fuste », c’est-à-dire de poutres, de colombage. C’est ainsi qu’on peut encore en voir ailleurs, dans les villes même petites. Le colombage de la maison Henri IV à Cahors ainsi que celui du marché de Saint-Céré est complété par de la brique. A Marcilhac-sur-Célé, la maison du Roi a été restaurée, dans les années 1990, selon le même principe. Tout le premier niveau étant généralement de pierre.

La brique

C’est sous la forme cuite que la terre a été le plus utilisée. Là où l’on employait torchis, pisé ou « adobe » (brique crue), on a construit Montauban et Moissac, des églises, de grands pigeonniers, des ponts, des moulins en briques cuites, les plus anciennes presque plates et plus longues que les briques actuelles. Mais les campagnes l’ont très peu employée et à une époque récente, pour un conduit de cheminée, une allège de fenêtre, un appentis.

Les tuiles de couverture

Nous avons montré l’importance des toits de pierres et nous y reviendrons. Mais c’est actuellement la tuile, sous les deux formes courantes dans toute la France, qui sert de couverture à la plus grande part des toits du pays.

La tuile plate

La tuile plate est dite parfois « tuile de Bourgogne ». Elle est rectangulaire, à peine bombée par sa face supérieure. Celle du grand moule mesure 34 cm de long, 25 cm de large, 15 mm d’épaisseur. De rares vieilles tuiles peuvent porter en estampage à leur face inférieure la marque du tuilier, par un dessin stylisé. Le bord inférieur est rectiligne, le bord supérieur un peu épais porte un ergot à sa face inférieure. Il permet de fixer cette tuile sur les lattis horizontaux de la charpente. Ainsi sont montés les toits à forte pente, dits « celtiques ». Le recouvrement d’une tuile sur l’autre est des deux tiers de leur longueur, laissant un « pureau » d’un tiers. On peut juger qu’une tuile est bien cuite, lorsqu’elle rend un son clair à la percussion par une tige de bois, et lorsque sa cassure ne s’émiette pas sous le doigt. Dans l’ensemble cette tuile plate est plus répandue au nord de la vallée du Lot qu’au sud. Mais les deux types existent dans tout le pays.

La tuile canal

La tuile canal est dite aussi tuile nouette, tuile tige-de-botte et tuile romaine, parce qu’elle est à recouvrement, comme l’était celle des Romains. Mais elle en diffère. Cette dernière avait deux éléments différents : l’un plat, assez grand, avec deux rebords saillants, la « tegula » ; l’autre de même longueur, étroite et convexe, « l’imbrex » pour recouvrir les rebords des tegula voisines et jointives.

Les tuiles canal actuelles qui doivent se recouvrir entre elles sont semblables. Le modèle courant a 40 cm sur 25 cm et une épaisseur de 13 mm, un creux de 4 cm. L’une forme rigole, canal, concavité vers le haut. Celle qui recouvre le bord de sa voisine est concave vers le bas. Les plus anciennes étaient légèrement trapézoïdales, moulées sur la cuisse de l’ouvrier, on les appelait « tiges-de-botte ». Les fours de cuisson, chauffés au bois, n’atteignaient pas les températures actuellement réalisées. Le séchage à l’air, dans de grands hangars (beaucoup existent encore) prenait des semaines.

Les techniques actuelles malaxent la terre mécaniquement. Ce n’est plus un cheval, tournant autour d’une sorte de meule. Elle est ensuite calibrée dans une filière avant de passer dans un four tunnel à très haute température. Le séchage dans un autre type de four ne prend que 24 heures. Cela a permis de réaliser des tuiles de même résistance, moins épaisses et donc moins pesantes. Mais contribuent-elles à l’harmonie dans nos paysages à laquelle nous sommes habitués ? Nous verrons que l’on peut faciliter la pose des tuiles canal en disposant sur le toit, avant les tuiles, des plaques ondulées de fibro-ciment, sur lesquelles seront posées les tuiles. Cela permettra de conserver le charme des toits de tuiles canal.

Les mortiers

Cela peut paraître un matériau secondaire. En réalité, « bâtir à chaux et à sable » est bâtir pour une longue durée, comme on le dit en évoquant la solidité d’un homme de forte santé. Le seul mortier valable est le mortier de chaux grasse. Il ne se rétracte, ni ne se fendille. Nous y reviendrons en exposant comment on réalise des murs de moellons tout-venant, ce qu’on nomme des limousineries.

Les métaux

L’emploi des métaux se borne à ceux de l’âtre ; aux pattes de fixation des menuiseries dans les murs ; aux fermetures des portes et des fenêtres ; parfois aux pentures d’un panneau de porte, au-devant d’une imposte, à un marteau de porte, ou à des clous forgés plantés dans une porte. Le maréchal-ferrant travaillait plus pour les animaux et pour le matériel de culture que pour la construction.

La verrerie

Le verre est devenu courant depuis le XVIIe siècle. En remplaçant le papier huilé, il a donné plus de clarté, de la lumière. On l’utilise en vitrage de moyenne dimension, et non en petits carreaux comme bien des citadins le croient pensant « faire rustique » à tort. Cela coûte plus cher et enlève de la lumière.

Signalons que le pays a possédé trois verreries. Celle de Douelle a disparu au début du XXe siècle. Celles de Lacapelle-Marival et de Galessie à Arcambal n’ont pas eu une même durée.

Technique d’emploi des matériaux

Les fondations

Pour assurer la répartition du poids de l’ensemble et la cohésion de la construction avec le sol, il faut de bonnes fondations. Elles sont d’autant plus délicates que bien souvent ce sol n’a pas d’égalité de niveaux, ni d’homogénéité, une partie rocheuse alternant avec une partie de terre meuble. Jadis, n’ayant que des moyens manuels, on savait s’adapter à tous les terrains, sans bouleverser. Aujourd’hui la richesse de nos moyens mécaniques permet de faire ce que l’on désire. On en abuse. Nous en reparlerons en donnant quelques indications pour construire du neuf. On commençait par la place que devait occuper le foyer à feu ouvert, souvent à l’étage. Tout était conçu pour abriter le feu, ce qui pouvait être l’occasion d’une cérémonie propitiatoire : répandre un peu de sang de coq, ou même enterrer un petit animal. Parfois on christianisait l’emplacement en plaçant deux pierres en croix.

Techniquement ce sera un gros mur. Au rez-de-sol dans la cave, si ce n’est le mur pignon, ce sera un mur de refend. Puis il s’élèvera, formera le foyer et montera jusqu’au faîte, en une puissante souche de cheminée. Pour l’ensemble des murs, on aura tracé leurs lignes d’implantation, si possible en sol homogène, parfois sur la même dalle de pierre que celle servant d’aire au battage du blé.

En terre meuble, il faut aller jusqu’au fond de fouille, bien tassé à 60 ou 80 cm. On lui donne la largeur voulue pour les murs : 60 ou 80 cm. Si l’on a de belles pierres d’appareil, on les placera comme on va le faire pour les murs même. Les moellons irréguliers seront noyés dans de la terre argileuse, sans utiliser la chaux aérienne, qui ne prend pas dans l’humidité. A la rigueur peut-on user du ciment hydraulique. Il n’y a pas ici, l’inconvénient que nous montrerons dans les murs.

Les murs

Dans une partie des cantons de Lalbenque, Castelnau-Montratier, Montcuq, et même Lauzerte, appelée « Quercy blanc », on a des carrières où l’on trouve une pierre douce, facile à tailler en blocs réguliers, de 60 cm de long, 30 de large, 35 de haut. On les dispose en rangées horizontales, en alternant les joints verticaux, afin que chacun réponde au plein des pierres sus-jacentes et sous-jacentes ; les unes appelées « panneresse » dans le sens du mur, quelques-unes en « boutisse », perpendiculaires dans toute la largeur du mur, s’il est assez épais. On donnera plus de cohésion à l’ensemble en plaçant aux angles, des chainages ou des harpes de pierre.

Bien taillées, ces pierres ont à peine besoin d’être jointoyées. On le fera de façon discrète, sans souligner ce joint par une couleur disparate, par un relief ou par un creux. Toute la surface du mur, son « parement » sera d’autant plus agréable à voir, qu’il aura été taillé de façon régulière à la laye, plutôt qu’à la « boucharde », abîmant la surface naturellement plaisante à voir.

Les murs de moellons

Dans la plus grande partie de tout le reste du pays, on ne dispose que de moellons, de formes, de qualités et de volumes très irréguliers. Dans quelques cas, sans pouvoir être taillés de façon régulière, ils ont une qualité qui permet de les placer en lits horizontaux, sans être crépis.

Dans la majorité des cas on les pose bien en lignes horizontales, mais il est nécessaire de les noyer dans un liant. Au plus simple on emploie la terre argileuse. Mais il est préférable d’utiliser le mortier de chaux aérienne pour ce liant et pour crépir la surface.

Presque tous les maçons lui préfèrent le mortier de ciment, dont la prise est plus rapide, mais qui n’a pas la même ductilité, s’étale moins bien, pénètre de façon moins régulière, et surtout ne laisse pas respirer le mur et détermine des condensations à l’intérieur. Enfin il se rétracte et se fissure, laissant alors pénétrer l’eau. Cette technique est si importante que nous en donnons tout le détail, d’après René Fontaine, architecte-conseil de Maisons Paysannes de France et auteur d’un livre qui fait autorité.

De tout temps, nos ancêtres ont traité la pierre calcaire dans des fours campagnards, chauffés au bois. Ils obtenaient ainsi la chaux vive, qui, ajoutée à une quantité convenable d’eau, donnait de la chaux éteinte, dite aussi chaux grasse ou aérienne. Elle avait en effet la faculté de ne pouvoir durcir qu’en présence de l’air. Ce phénomène était ralenti dans les parties enterrées, et complètement stoppé sous l’eau, indépendamment du délavage et de la dissolution qui pouvait s’y produire.

Ils employaient cette chaux, provenant d’un calcaire pur, en agriculture, dans l’industrie, mais aussi dans le bâtiment, pour réaliser leurs enduits et leurs joints. La fleur de chaux, est encore bien connue dans le monde agricole et industriel, mais malheureusement bien oubliée dans le bâtiment.

Pour réaliser l’enduit, il suffisait d’ajouter du sable, une certaine quantité d’eau et de projeter le mortier ainsi constitué à la truelle…

Ce procédé artisanal, qui n’employait que des matériaux de la région, à la portée de tous, avait de grands avantages. L’enduit, bien que de prise lente, adhérait convenablement, durait longtemps, et était exempt de toute fissuration. Il laissait « respirer » le mur, sans enfermer l’humidité, et demeurait parfaitement étanche. Enfin la couleur de cet enduit, qui était simplement celle du sable employé, se mariait parfaitement avec celle de la pierre ou de la brique et était fort agréable, souvent blond, comme nous disons habituellement.

Dans presque toute la France, on retrouve de nombreuses vieilles fermes ou granges qui montrent des enduits exécutés de cette façon. Réalisés habituellement avec une certaine négligence, ils laissaient apparaître ça et là des pierres ou briques, un peu en saillie sur les autres, mais ce travail était fort heureusement sans prétention, sans désir de paraître, et bien souvent, ce revêtement n’existait que sur une partie du mur, plus soignée, le reste laissant voir la pierre, simplement jointoyée, plus ou moins largement (joints beurrés, dits aussi à pierre vue) ou même complètement crue.

Il y a loin de cette méthode simple et vraie à celle actuelle, où l’on veut à toute force réaliser des enduits parfaits, épais, qui recouvrent tout, d’une verticalité absolue, mais qui ne contribuent en rien à la solidité du mur, y emprisonnent l’humidité et donnent à l’ensemble un aspect plat, plus ou moins industriel, de mauvais effet.

L’industrie du bâtiment a oublié la chaux grasse, mais ce produit est fabriqué à nouveau et disponible.

Par ailleurs, avec notre époque de progrès, la technique a bien évolué et nous trouvons maintenant chez les fournisseurs du bâtiment de la chaux hydraulique, qui doit son nom à l’avantage qu’elle a de faire prise sous l’eau. Elle provient d’un calcaire plus ou moins argileux.

Nous trouvons ainsi de la chaux hydraulique, soit naturelle, soit artificielle. La seconde est à proscrire entièrement n’étant en fait qu’un ciment amaigri, avec les inconvénients correspondants (imperméabilité et fissuration). En revanche la chaux hydraulique naturelle pourrait fort bien être employée si elle n’avait souvent l’inconvénient d’une coloration assez grise. Il existe au moins deux fabricants de chaux hydraulique naturelle blanche qui vous donneront en fait à peu près les mêmes avantages que la chaux grasse. Elle laissera ressortir la couleur naturelle du sable, l’enduit ayant tendance toutefois à blanchir quelque peu, surtout si l’on fait un mortier trop gras, c’est-à-dire à trop forte teneur de chaux.

Les joints et enduits au mortier de ciment sont donc en tout cas à proscrire strictement. Outre leurs défauts techniques (imperméabilité, donc emprisonnent de l’humidité à l’intérieur des murs), ils ont pour nous l’inconvénient de leur couleur sinistre, grise, parfois presque noire.

Sans doute existe-t-il un ciment blanc, qui, come son nom l’indique, est démuni de couleur et sert habituellement à exécuter des enduits de ciment-pierre avec la gamme de tous les faux joints, mais nous ne pouvons évidemment que vous déconseiller son usage, si ce n’est parfois pour réparer ou reconstruire une pierre.

Pourtant il ne faut être absolu en rien et l’emploi modéré de certaines techniques modernes peut avoir, malgré tout, des avantages. Pour le bourrage des intervalles, entre pierres, ou pour la première couche (le « gobetis ») d’un enduit, vous pouvez tout de même employer ce qu’on appelle un mortier bâtard, par incorporation de ciment dans la chaux. Un dosage souvent employé est de 250 à 350 kg de ciment contre 125 à 175 kg de chaux grasse ou hydraulique, le tout au m3 de sable. Ce mortier bâtard adhère mieux au matériau de fond que le mortier de chaux pure. Mais il va sans dire que pour la couche de finition, la chaux doit être pure.

Pour les courageux, ceux qui veulent avant tout œuvrer comme autrefois, nos indications doivent suffire. Ce travail est à la portée de tous puisqu’il était jadis, souvent le fait du paysan lui-même. Après quelques tâtonnements, le résultat sera certain.

La qualité du sable et sa couleur auront une grande importance sur la tenue des joints ou de l’enduit et sur leur aspect. Prenez, bien entendu, des sables de carrière, généralement assez jaunes et plus ou moins argileux, ou de rivière plus blancs et plus purs, à l’exclusion de ceux de mer, qui salés, ne sèchent pas. En prenant le sable à le source la plus proche de votre domicile, c’est ainsi que vous resterez le mieux dans la tonalité des maisons voisines.

La proportion de chaux et de sable est variable. Elle peut se réduire à ¼ ou 1/5e de chaux grasse si le sable est d’une forte teneur en argile (celle-ci jouant le rôle de liant), mais monter jusqu’à la moitié si le sable est très pur ; elle ne doit pas excéder 1/3 pour la chaux hydraulique blanche, dont le pouvoir de liaison est un peu supérieur.

Pour placer votre mortier, il est tout d’abord nécessaire de piqueter, c’est-à-dire de bien dégarnir les joints, pour permettre un bon accrochage, de bien nettoyer les surfaces à revêtir, d’enlever la poussière et les impuretés, les graisses surtout sans oublier de mouiller abondamment le mur, pour éviter que le mortier ne sèche trop vite ce qui ferait rater la prise.

Vous commencez par ce qu’on appelle le gobetis, qui consiste à projeter avec une certaine force le mortier à la truelle dans les joints et éventuellement sur la surface des pierres, pour former un tout, bien liaisonné. Vous avez ensuite à exécuter le dégrossissage réalisé avec la même technique, mais grossièrement égalisé à la truelle, puis enfin la couche de finition qui devra être approximativement plane, exécutée au bouclier ou grattée au tranchant de la truelle (non lissée).

Bien entendu, ces procédés qui font ressortir les grains de sable doivent être employés avec précaution et après essais partiels. Le coup de main, la bonne volonté compteront beaucoup.

Le séchage à observer entre chaque couche est variable, selon l’atmosphère sèche ou humide, d’environ vingt-quatre heures, de manière à ce que la couche précédente soit bien prise, mais pas encore trop sèche ou durcie.

Signalons que ce mortier ne tient pas sur le parement d’une pierre (chaînage ou linteau), ni sur du ciment ancien. En se détachant il entrainerait le crépi du mur alentour.

L’ensemble du mur n’a généralement pas la même épaisseur dans toute sa hauteur. A mesure qu’il s’élève on l’amincit. On lui donne du « fruit » aux dépens de la surface extérieure, celle de l’intérieur restant d’aplomb, verticale, jusqu’au niveau de la toiture.

Les ouvertures

Indispensables pour entrer dans la maison, éclairer et aérer l’intérieur, les ouvertures sont le point faible de la maçonnerie d’un mur. Elles doivent être encadrées de pièces fortes, essentiellement de pierres, comme celles des chaînages d’angle et du seuil de la porte.

Leur valeur esthétique dépend de leur forme et de leurs proportions ; du rythme de leur répartition sur les murs dépendent la disposition des pièces à l’intérieur. Parfois la symétrie est plaisante, parfois ce peut être la dissymétrie.

Leur forme est toujours rectangulaire, plus haute que large. Cela donne une impression d’équilibre, compromise par les larges baies souvent désirées par les citadins venant occuper une maison paysanne. Deux fenêtres voisines auraient de plus justes proportions en donnant autant de vue et de lumière.

Les chaînages d’angle, pour maintenir l’équilibre de l’ensemble, sont faits de grosses pierres en assises décroissantes de haut en bas, de gros blocs superposés, dont l’arête est rectiligne, tandis que le côté dans le mur est laissé brut. On superpose un bloc en hauteur et un bloc en largeur, donnant dans le mur un dessin de larges dents de scie, assurant la stabilité.

La porte

La porte est aussi un symbole de sociabilité lorsqu’on dit que la maison a une « bonne porte », mais parfois de malédiction pour le premier entrant ; d’autres fois, le lieu d’un rituel, de festivités pour les nouveaux occupants, ou lors de l’entrée d’une armoire, symbole d’aisance.

La pierre de seuil, désignée par le mot « pompidou », est choisie de même qualité que la pierre de la terrasse ; sa surface est très légèrement plus élevée pour arrêter l’eau de pluie. Le linteau supérieur est rectiligne ou taillé en arc. Il est parfois en plate-bande de trois pièces, la pièce centrale formant claveau maintenue entre les autres par l’encoche d’une « crossette ».

Sur ce linteau ou sur ce claveau on inscrit parfois une date, des initiales, ou un très simple dessin où il n’est pas toujours possible de voir un symbole.

La résistance des blocs monolithes à la flexion est moindre que leur résistance à la pression. Or, la pression s’exerce en leur centre en raison du poids du mur. Si celui-ci est élevé, si, construit en moellons, son équilibre n’est pas rigoureux, il est bon de protéger ce linteau par ce qu’on nomme un « arc de décharge », prenant pour lui cette poussée et la reportant sur le sommet des pieds-droits de la porte.

On a bien des techniques pour établir cet arc : tantôt deux pièces de bois épaisses, s’opposant en angle obtus vers le haut ; tantôt deux dalles de pierre. Assez souvent, formant le même angle, deux rangées de pierres plates parallèles. Nos photos en donnent des exemples.

Dans les maisons plus soignées, il peut y avoir deux linteaux superposés, laissant entre eux l’espace d’une imposte vitrée, protégée par une ferronnerie. Elle donne de la lumière à la pièce d’entrée.

L’arrête des pieds-droits, ou jambages, et même du linteau, peut présenter l’encoche d’une feuillure, telle que nous le décrirons lors de l’étude des fenêtres.

Les fenêtres

Les fenêtres répondent à la disposition des pièces de l’intérieur, leur répartition dépend de la position de ces pièces, ce qui peut les rendre symétriques sur la façade ou asymétriques, tout en respectant un certain rythme dans la place occupée par les ombres.

Ces fenêtres sont toujours plus hautes que larges. Leur extrémité supérieure est plus élevée que celle de la porte. Des deux côtés elles sont limitées par des jambages, ou pieds-droits, faits de blocs de pierre rarement monolithes, plutôt de blocs superposés. L’un d’eux peut se prolonger en chaînage dans le mur. Le linteau est plus souvent monolithe, horizontal ou en arceau. Il peut aussi être en plate-bande, formé de trois blocs, celui du centre formant claveau. Dans l’arête extérieure de ce cadre, sauf à l’appui inférieur, on taille l’encoche d’une « feuillure ». Elle est destinée à voir s’y encastrer les volets extérieurs de bois lorsqu’ils sont fermés. Ainsi l’eau ruisselant sur les murs continue sur les volets, sans pénétrer à l’intérieur. Cet appui est séparé du plancher de la pièce par une « allège » d’un mètre environ. Si le mur est très épais, il est ébrasé pour aborder la fenêtre. Dans ce cas le mur de l’allège est remplacé par un mur moins épais, que l’on peut construire en briques.

Comme pour la porte, on monte parfois un arc de décharge pour protéger le linteau et reporter la poussée sur les pieds-droits.

Les fenestrous

Parmi les autres ouvertures dont le rythme de répartition est important, il faut citer les « fenestrous », éclairant et aérant le grenier. En principe ils sont ouverts au-dessus des fenêtres, mais ils sont beaucoup plus petits. Ils présentent de multiples formes : quadrangulaires, circulaires, ovalaires ou même losangiques. Le plus souvent leur cadre est de pierre, parfois monolithe, taillé dans un seul bloc. Un battant de bois les ferme de l’intérieur, souvent vitré. On utilise quelquefois l’un d’eux pour ouvrir les trous d’envol de la volière des pigeons. De même ils peuvent être disposés en ligne ou en triangle sur ce haut de mur.

Cette disposition n’existe que si le toit est de type méditerranéen, laissant un espace suffisant entre le plancher du grenier et le bord du toit à faible pente. On les nomme « comble à surcroît ».

Plus bas, au niveau de l’évier de la cuisine, le mur porte l’avancée du bec de cet évier, au sordide écoulement, faisant le bonheur des volailles. Un « rebagou » ouvert au-dessus donne un peu de lumière sur lui. La forme qu’on lui donne est pleine de variétés. Souvent même, c’est un ovale percé dans une seule pierre.

Ouvertures au niveau de la cave

Les murs de la cave n’ont pas besoin d’autant d’ouvertures mais certaines peuvent être fort larges. Il leur faut des porches à deux battants. Bien souvent il y en a une sur les deux faces des murs. Leur bord supérieur est de multiples formes : linteau horizontal en bois ou en pierre monolithe mais aussi en plate-bande, dont le claveau est parfois daté.

Ces porches sont souvent sous l’escalier extérieur ou sous une terrasse. Il n’est pas rare qu’on leur donne une forme demi-elliptique. Quelques maisons les prolongent par une voûte dans la cave.

Pour entrer lorsqu’on n’a pas de charge, il y a souvent une porte de dimensions moyennes, mais il peut aussi y avoir de petites ouvertures d’aération. Toute cette répartition des ouvertures de formes diverses évite la monotonie des murs de la maison.

L’escalier extérieur

Dans les maisons les plus modestes, on peut se contenter de quelques marches de pierre. Mais dans une maison de « laboureur », de « pages », c’est une réalisation difficile, le paysan doit s’adresser à un maçon habile, un peu géomètre, pour tailler des marches en parallélépipèdes ; ou triangulaires si l’on veut un escalier tournant. L’escalier extérieur est constant, mais ses formes sont très diverses. Elles peuvent différer d’une maison à l’autre, dans un même groupe du hameau.

Au plus simple, il aborde la façade de la maison, de façon directe, entre deux larges rambardes maçonnées en pierre. Il peut aussi être accolé, contre le mur ; les marches vont jusqu’au mur d’échiffre surmonté de la rambarde. D’autres fois, à distance de la façade, il part parallèlement à elle, atteint une terrasse de repos, puis aborde directement la terrasse d’accueil, précédant la porte. Il laisse alors, au-dessous de lui, un abri voûté, le « prestidou », où le sac de blé « dépiqué » sur l’aire, souvent rocheuse, attend l’envoi au moulin. Dans quelques maisons, c’est par deux escaliers, l’un à droite, l’autre à gauche, accolés au mur, que l’on aborde la terrasse et la porte.

Les pierres de marche sont choisies avec soin, non gélives. Elles sont toutes de la même hauteur, l’inégalité casserait le rythme de nos pas. Leur hauteur est de 16 cm environ La profondeur du « giron » ou « semelle » est suffisante, pour y poser le pied chaussé d’un sabot. Il n’y a pas de nez à cette arche et sa largeur doit être suffisante pour y monter avec un gros fagot… les formes incurvées sont rares…

Cet escalier extérieur est parfois inscrit dans le plan de la maison, mais hors de la cave, dont il est séparé par un gros mur de refend. Il est encastré derrière le mur extérieur, dans une sorte de loggia, abrité sous un porche non clos, sous l’ombre de celui-ci. Il reste bien visible de l’extérieur, en plein air.

Le plus connu, daté de 1848, se voit et attire les regards par ses justes proportions, près de la D911 au lieu-dit « Les Campagnes », commune de Castelfranc, dans la vallée du Vert (ill. 15). Mais il en existe à Frayssinet-le-Gélat, à Montgesty, à Belfort, etc.

Rambarde

Cet escalier n’a pas de véritable rampe à laquelle on puisse s’accrocher, mais une large rambarde maçonnée qui le limite et limitera aussi la terrasse, où, elle servira à déposer toupines, seilles ou pots de fleurs.

Terrasse et bolet

La disparité que nous avons vue entre les escaliers extérieurs, nous la retrouverons pour les terrasses, depuis le petit seuil d’accueil, étroit, d’une maison modeste, jusqu’à la grande galerie, formant une annexe de la cuisine et un lieu de repos, après le travail de la journée ou de la vie, pour les vieillards. Pour bien marquer son rôle ménager, on y installe souvent une pierre d’évier, sur la rambarde. Les dalles sont choisies avec autant de soin que pour les marches de l’escalier. On leur donne une très minime inclinaison vers l’extérieur, avec parfois une petite gargouille d’écoulement, même si cette terrasse est couverte.

Cette couverture va donner plus de caractère à cette partie de la maison. On donnera à cet ensemble le nom de « bolet » ou « balet ».

D’autres régions viticoles ont des maisons de conception analogue. Elles ont quelques différences de construction et la terrasse prend le nom de « courcoux » et d’ « estre », en Auvergne.

Le toit de ce bolet est toujours couvert en tuiles canal, cat il ne peut pas avoir une forte pente ; il prolonge le toit méditerranéen de la maison. Mais si cette maison a un toit celtique, il ne peut en prolonger la forte pente. Parfois il prend appui sur le mur.

Les poteaux de soutien de ce toit du bolet prennent appui sur la solide rambarde. Les uns sont en bois, unis à la charpente ; les autres, surtout dans la Quercy blanc, sont monolithes aux arêtes élégies. Leur nombre peut atteindre six à huit, lorsque la terrasse forme une véritable galerie. A Escazals, commune de Fontanes, canton de Lalbenque, la terrasse elle-même est soutenue par un puissant pilier évoquant les colonnes d’un temple égyptien. Quelques villages, même en plein causse pierreux, conçoivent différemment la terrasse. Aujols et Bach avaient pour terrasse une galerie de bois, comme nous en verrons autour de Figeac. A Bach deux terrasses superposées faisaient penser à une construction alpestre. Leur remplacement par une banale villa fera apprécier l’architecture de notre temps.

Greniers, combles et couvertures des toits

Les combles servent de resserre aux récoltes (grenier et séchage) et d’abri pour le matériel. En Quercy, assez souvent on y réserve une place pour les pigeons, lorsqu’on n’a pas de pigeonnier sur le toit ou en dehors. Ces combles doivent être assez vastes et bien aérés. Lorsque la maison devient résidence de vacances on aime à y mettre un logement.

Sur la surface de couverture, quelle que soit la pente, et quel que soit le matériau utilisé, l’étanchéité à l’eau de pluie doit être assurée. Beaucoup de toits du pays ont été couverts en pierres sèches, il en reste de nombreux témoins, parfois en toits mixtes. Les toits de chaume, qui durent si nombreux dans toute la France sur les maisons paysannes, n’existent que sur des granges (ill.54).

La très grande majorité des couvertures est en tuiles ; représentées par les deux formes courantes en France, la tuile plate à crochet ou ergot et la tuile canal.

Le première comporte une grande pente de toit appelé « celtique » ; la seconde ne tenant que par emboîtement, ne peut être placée sur un toit ayant plus de 25o de pente. On l’appelle « toit méditerranéen », car il est commun sur toutes les rives de cette mer. Les deux formes peuvent coexister dans une même agglomération, parfois sur une même maison. Cependant, de façon générale, le toit celtique s’étend au nord des rives du Lot. Le toit méditerranéen domine dans tout le sud du Lot. Il prédomine dans toutes les villes, même dans la zone nord.

Un toit a une très grande importance esthétique, car il complète les justes proportions du volume de la maison. Les hautes lignes du toit celtique sont, à ce propos, très importantes ; le toit méditerranéen, ne représentant qu’un tiers de la hauteur de la maison, est plus agréable à voir, par ses lignes d’ombre et de lumière et par les teintes bigarrées de ses tuiles, lorsqu’elles sont anciennes.

Le toit méditerranéen

Ce toit paraît être une forme conquérante, venue du Midi, lorsqu’on a eu besoin de plus d’espace pour des cultures nouvelles, nécessitant le séchage. Cette transformation est parfois apparente, si la maison comporte un pignon. Le dessin de l’angle aigu de celui-ci reste marqué par son crépi. La disposition des nouvelles pierres élevant le mur par un « comble de surcroît » forme un triangle entre le haut du mur de la maison et le nouveau faîte du toit.

En présentant les matériaux utilisés couramment, nous avons donné les caractéristiques de la tuile canal. En place, le poids de cette couverture atteint 40 kg au m2 .Des formes nouvelles plus légères ne nécessitent plus de charpente aussi importante. La constitution de celles-ci comprend toujours des « fermes » triangulaires, tous les trois mètres environ. Ce triangle a pour base une pièce horizontale l’ « entrait », d’un mur à l’autre, reposant sur la « sablière » protégeant le haut du mur porteur. A ce niveau l’entrait rejoint le bas des arbalétriers, formant les deux côtés de la ferme et soutenant les pentes du toit. Ils sont assemblés entre eux sous le faîte par l’intermédiaire d’une quatrième pièce le « poinçon », tige verticale reposant en bas sur le milieu de l’entrait. Pour plus de sûreté on place, un peu au dessous du faîte, un petit entrait retroussé.

Ce dispositif contient la poussée des versants du toit sur les murs, tendant à les écarter et, surtout, il portera les tuiles de couverture, par des chevrons, des pannes, des lattis ou des voliges horizontales.

Tous ces assemblages sont exécutés par tenon et mortaise ou chevilles de bois d’acacia et exempts de pièces métalliques.

Rappelons combien les bois d’autrefois, pris dans leur fil en « bois de brin », donnaient une apparente souplesse aux lignes des toits, plus agréables à voir que les formes rigides et rigoureusement rectilignes données par les bois sciés. Cette disposition permettait de réserver une très légère courbure à l’ensemble du toit, pour serrer les tuiles, les rendre plus jointives et assurer une bonne étanchéité de la couverture.

Ce toit méditerranéen a beaucoup de charme, par les ombres de ses sillons, profonds comme les raies tracées par l’araire ; par la douceur de teintes de ses tuiles, changeant en vieillissant et donnant à l’ensemble du toit un aspect bigarré, plus agréable que le rouge indélébile des tuiles mécaniques.

Souhaitons que les matériaux et les techniques actuels retrouvent ces teintes de tuiles et ces qualités de charpentes, pour ce toit dont la masse apparente, vue du sol, ne représente que le tiers de la hauteur de la maison.

Le toit celtique

Le toit à forte pente, que, de façon récente on a pris l’habitude de nommer toit celtique, sans être assuré que cela réponde à son origine, est soutenu par une charpente semblable à celle que nous venons de décrire, avec des dimensions et quelques particularités, dont l’adjonction devant le bas des chevrons d’une courte pièce de bois, le « coyau », relevant le bas de la pente du toit, pour rejeter l’eau à distance des murs. Cela rentre dans les détails d’architecture dont il faut bien étudier le dessin, pour qu’il reste équilibré dans l’ensemble du toit.

L’ergot que chaque tuile porte à la face inférieure de son bord supérieur permet de l’accrocher aux lattis horizontaux portés par les chevrons. La pose débute par les rangées inférieures. Chaque tuile recouvre les 2/3 de la précédente, laissant un pureau d’1/3. Arrivé au faîte, on le recouvre par des tuiles faîtières, qui ne sont que des tuiles canal de grandes dimensions. Il n’existe pas en Quercy des croisements de tuiles en « ailes de moulin » ou « lignolet » comme on en voit pour les lauzes ou parfois les ardoises.

Beaucoup de ces toits celtiques sont maintenant des toits mixtes, conservant en bas quelques rangées de pierres, le haut étant en tuiles plates. Ce sont d’anciens toits de pierres montés en « tas de charge ». Ces toits très économiques en un pays de pierre ne peuvent être réparés partiellement ; changer une pierre c’est décaler tout le tas de charge Avec une vie moins précaire, on a les moyens de faire les frais de tuiles plates à crochet, constituant une couverture moins pesante et surtout plus étanche à l’air et à l’eau. Mais si l’on ne veut pas changer la très simple charpente de ces toits, il faut conserver des rangées de lourdes pierres au bas de la pente, appuyant sur les arbalétriers de la charpente. Si la maison est à deux eaux, entre deux pignons, on a souvent aussi conservé sur sa rive une rangée de pierres plates protégeant le haut du mur.

Le toit de pierres

Pour une raison technique, sur laquelle nous reviendrons, ce sont toujours des toits à forte pente, de type celtique. Les toits mixtes que nous venons de décrire sont un témoignage de leur grande fréquence. Il semble que c’est la forme la plus habituelle, la plus autochtone dans le pays. Ils sont nombreux sur les causses de Lalbenque à Caylus, de Gramat à Livernon et ne manquent pas dans la Bouriane qui n’est cependant pas un causse, qui n’a guère de petits murs de pierres sèches. Il est vrai que ce sont souvent des maisons abandonnées au toit ruiné, dont la forme de la charpente témoigne que ce toit était en pierres.

Soulignons dès maintenant le problème que posait l’utilisation d’un matériau de tel poids, pouvant exercer sur les murs une poussée d’écartement. Multiplier les fermes de charpente, comme nous venons de les décrire pour les toits de tuiles, n’était pas possible dans un pays aux faibles ressources en bois. On trouva le moyen en disposant sur les fortes pentes du toit des arbalétriers sur lesquels les pierres seraient disposées en « tas de charge », exerçant une poussée verticale sur le haut des murs, sans pousser à leur écartement et portant même les arbalétriers vers l’intérieur des combles, les pierres reposant les unes sur les autres, un peu inclinées vers l’extérieur pour diriger le ruissellement.

Ces toits devaient être réalisés en une fois. Il n’était pas possible de remplacer une pierre venant à manquer, d’où la nécessité de refaire ce toit déficient en entier. A notre époque, on ne le refait plus en pierres, mais en tuiles plates, assurant encore une certaine poussée par quelques rangées de pierres conservées au bas de la pente, sans modifier la très fruste charpente de deux arbalétriers.

Parfois, si la construction était reconvertie en grange, on rapetassait le toit par quelques gerbes de chaume, mode de couverture peu utilisé dans le pays, que l’on réservait à des granges ou à des appentis, ou encore au « travail » servant à maintenir les bœufs pendant le ferrage nécessaire pour des animaux circulant sur des sols aussi pierreux que ceux du pays.

Jonction des toits et des murs

Par un toit dont on a assuré l’étanchéité, l’eau ne pénètre pas de façon directe. Il reste un risque au niveau de la jonction du toit avec les murs.

Dans les toits méditerranéens, les dernières tuiles formant égout dépassent le plan du mur de 15 cm environ. Elles projettent leurs belles ombres portées plus ou moins loin selon l’heure solaire.

En outre, sous ces tuiles goutterottes on crée une sorte d’entablement appelé « génoise ». Au haut du mur, on scelle une rangée de tuiles canal à concavité inférieure, dépassant le plan du mur de quelques centimètres. Parfois, dans une maison d’habitation, on scelle deux à trois rangées se dépassant mutuellement, en les séparant entre elles par une rangée de tuiles plates. Il y a diverses façons de faire et, comme cela a un effet esthétique, on fait souvent de cette réalisation utilitaire un effet ornemental qui peut être déplacé.

Les très laides gouttières de zinc étaient utiles lorsqu’on avait une citerne à remplir.

Sous un toit celtique, les poutres du plafond de la salle arrivent au haut des murs porteurs ; on a la possibilité de les faire dépasser largement pour soutenir une avancée du toit écartant l’eau de pluie déjà éloignée par la courbe donnée par le coyau.

Lorsque le toit est à deux eaux, l’eau ruisselant sur la pente du toit tend à dévaler de la rive sur le mur pignon. On peut l’éviter en élevant cette rive par une rangée de tuiles supplémentaires, l’ensemble du ruissellement dévale alors sur le rampant du toit.

Faîtières, arêtiers, épis

Toits méditerranéens et même toits celtiques ne peuvent protéger leur ligne faîtière que par des tuile canal de plus grandes dimensions et souvent terminées par un bourrelet. On les place jointives, unies par un solin de mortier de chaux. De même pour les arêtiers des toits à quatre eaux. Sur un toit à deux eaux, il est prudent de sceller la tuile d’angle du pignon, exposé au vent.

Les épis, placés aux angles du faîte, étaient en pierre taillée ou en terre cuite, dont Uzech-les Oules cuisait des modèles divers représentant parfois un personnage. Au plus simple on se contentait d’une bouteille de verre contenant de l’eau bénite, symbole chrétien pour protéger la maison, rappelant des symboles païens antérieurs.

Les souches de cheminées

La principale répond au foyer de l’âtre, elle est souvent unique, mais s’intègre au gros mur autour duquel a été conçue toute la construction. La croyance commune lui attribue bien des appréhensions, on y voit le point d’introduction du « Drac » redouté.

Techniquement, c’est une large masse quadrangulaire, maçonnée comme toute la maison. Elle doit être placée du côté opposé à celui des vents dominants. Pour un tirage correct elle doit dépasser le niveau du faîte. Son orifice doit être moins large que le conduit même et on doit le protéger par une dalle plate soutenue par des billettes de pierre ou par des tuiles canal disposées en V renversé au-dessus du sommet.

La jonction de la base de la souche, avec les tuiles de la pente du toit, est difficile. On y place des fragments de tuiles à la demande, que l’on réunit par un solin de chaux grasse. Il est fâcheux d’y placer une plaque de zinc, bien laide, il est préférable d’utiliser du cuivre.

Si l’on désire d’autres cheminées sur le toit, il est important de leur donner une masse analogue. De minces conduits, surtout en métal, sont de mauvais tirage et particulièrement inesthétiques.

On connaît dans le pays trois souches auxquelles on donne le nom de « cheminées sarrasines ». Elles rappellent celles de La Bresse, mais ne répondent pas au « foyer chauffant au large » qui caractérise en Bresse ce type de cheminées.

Les lucarnes

Les greniers des toits méditerranéens sont éclairés par des « fenestrous » que nous avons décrits dans la partie du mur porteur appelée « comble à surcroît ». Ils n’ont pas besoin de lucarnes sur la faible pente. Lorsqu’on a voulu en créer, cela a engendré des désordres dans l’ensemble de la toiture, sans obtenir de clarté suffisante. Si l’on a besoin d’éclairage direct, on doit se contenter d’une tabatière de verre, maniée du grenier par une tige de fer.

Le toit celtique, dont le bord inférieur atteint le plancher du grenier, ne peut être éclairé et aéré que par une lucarne sur sa pente. Cela pose un grave problème, car, nous dit Robert Joly, une toiture doit respecter la dominante du toit. On ne peut accepter des lucarnes envahissantes comme de larges « chiens assis ».

Une lucarne est faite de trois éléments : un corps vertical, où se situe l’ouverture, toujours plus haute que large, située au-dessus des fenêtres du mur, le plus souvent. S’il y en a, à plusieurs niveaux, elles peuvent avoir une situation asymétrique. Les parois latérales triangulaires, appelées « jouées », sont placées entre deux chevrons de la charpente, laquelle se continue, pour soutenir le toit particulier de la lucarne. Ces jouées sont implantées sur la pente du toit principal. Ce ne sont d’ordinaire que des planches, protégées par des « essentes » de bois ; mais nous les avons vues, sur un toit de pierres, constituées d’énormes blocs de pierre, hissés à cette hauteur. Le toit de la lucarne doit être couvert avec le même matériau et avoir la même pente que le toit de la maison. Il est généralement à deux eaux, e, « bâtière ». Si on place à l’avant un troisième versant, on lui donne le nom « à la capucine ». Les noues unissant les jouées au toit lui-même doivent être assurées par des solins de mortier de chaux.

Un toit est un élément si important dans les justes proportions de la masse construite, qu’il ne faut pas y introduire de disparate, ni dans les matériaux ni dans les proportions de la maison.

Les lucarnes-portes, ou lucarnes à foin, s’ouvrent au ras du mur porteur et leurs jambages reposent sur lui. Elles interrompent la ligne du bord supérieur du mur. Pour monter le foin, ou chez le boulanger les sacs de farine, on installe une poulie à bonne hauteur.

Les « outeaux » petites ouvertures triangulaires entre les tuiles ou entre les pierres, habituels en Périgord, sont exceptionnels en Quercy. Dans la région de Lacapelle-Marival, il peut y avoir dans le toit de petites ouvertures horizontales, acceptables pour leur petitesse, bien qu’elles aient la forme de ce que l’on nomme chiens assis, lorsqu’elles sont de grandes dimensions.

Un toit est toujours un volume important, dont les justes proportions de doivent pas être modifiées par des adjonctions déplacées. Mais un pigeonnier-tourelle, de ligne sobres et bien situé, est un élément d’intérêt si ses lignes sont bien étudiées, en particulier dans la forme de son toit. Nous lui consacrerons un chapitre. De même les toits à la Mansart, des cantons de Bretenoux et de Saint-Céré, seront étudiés avec les maisons de ces cantons.

En étudiant les matériaux, nous avons indiqué que les couvertures végétales de chaume n’existaient que sur les granges, appentis ou abris à ferrer les bœufs, etc. Le paysan quercynois leur préférait les plaquettes de pierre qu’il était habitué à tirer de son champ, lorsqu’il voulait le labourer.

Cependant au village de Couzou du causse de Gramat, en 1952, nous avons vu à côté de nombreux toits en pierres, les deux murs à redans de pierres sur les pignons d’une grange détruite. Ces murs en Corrèze voisine, témoignent d’une couverture de chaume. Ici elle avait disparu.

Interlocuteurs locaux

SERVICES ET ASSOCIATIONS SPÉCIALISÉS (actualisé en avril 2016)

UDAP (Unité Départementale de l’Architecture et du Patrimoine), gérée par la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles), Chef de service Mr SICARD, 1 Place Chapou 46000 CAHORS. Téléphone : 05 65 23 07 50 ; udap.lot@culture.gouv.fr Conseils techniques sur les restaurations traditionnelles, conseils aux collectivités pour travaux sur monuments protégés ou non, suivi de travaux en secteurs protégés : service gratuit.

CAUE (Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et d’Environnement) : 4 chemin de Sainte-Valérie 46000 CAHORS Tél : 05 65 30 14 35. Caue.46@wanadoo.fr. Sur rendez-vous à CAHORS, FIGEAC et LABASTIDE- MURAT. Conseils aux particuliers, conseils aux collectivités, animation et information : service gratuit.

CONSEIL DÉPARTEMENTAL DU LOT :                                                                                                  Service Patrimoine / Avenue de l’Europe /BP291 46005 CAHORS CEDEX 9                                          (les bureaux sont à l’ancienne Préfecture en haut du Bd Gambetta, à l’ancienne caserne      Bessières)                                                                                                                                                  Contact : Madame MASSABIE  : 05 65 53 43 71 pour le côté financier.                                                   Nicolas BRU : 05 65 53 43 12 pour le contenu patrimonial des dossiers.                                                 www.patrimoine-lot.com et www.lot.fr.                                                                                                        C’est là que sont gérés les dossiers de demande de subvention au titre de « patrimoine remarquable », ex fonds DENIEUL.

CONSEIL RÉGIONAL MIDI-PYRÉNÉES                                                                                                  22 Avenue du Maréchal Juin 31406 TOULOUSE. www.midipyrenees.fr                                                   Le dossier de demande de subvention que vous auriez remis au Conseil Départemental du Lot est susceptible d’être dupliqué par ce dernier et un exemplaire peut parvenir à ce service pour compléter une demande de subvention. Tout dépend du dossier et de l’enveloppe budgétaire…                                                                                                                                        Contact : Madame de SAINT-AVIT : 05 61 39 62 09 / 05 61 39 62 23                                                       DRAC MIDI-PYRÉNÉES à TOULOUSE : 05 67 73 20 20.

ADIL : Agence Départementale d’Information sur le Logement.                                                                  64 Avenue Gambetta 46000 CAHORS ---Tél : 05 65 35 25 41--- wwwadil.org/46                                    Acheter, vendre, louer et faire des travaux : conseil gratuit.

ANAH : Association Nationale de l’Amélioration de l’Habitat  www.anah.fr                                               Cité Administrative, 127 Quai Cavaignac 46009 CAHORS CEDEX 9--- Tél : 05 65 35 25 41.                 Aide aux travaux d’amélioration : subventions.

ESPACE INFO-ÉNERGIE : QUERCY-ÉNERGIE : Hôtel du département Place Chapou à Cahors. Tél : 05 65 35 26. www.energie-info.fr.                                                                                                       ADEME : Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie : www.ademe.fr

FONDATION DU PATRIMOINE :

Aide à la restauration et la préservation du patrimoine.                                                                             Dossiers de demandes de subventions. Défiscalisation.                                                                           www.fondation-patrimoine.org/ quercy@fondation-patrimoine.org.                                                           Dans le LOT 3 délégués :

Jean-Baptiste de MONTPEZAT, 05 65 36 26 34, 06 19 60 07 87.

Jean-Pierre VERMANDE : 06 07 16 29 34.

Mélanie GARDOU : 06 04 03 51 97.

ASSOCIATION DES ARCHITECTES DU PATRIMOINE : www.architectes-du-patrimoine.org.

CDT : Comité Départemental du Tourisme                                                                                            107 Quai Eugène Cavaignac BP 7 46001 CAHORS cedex 9. Tél : 05 65 35 07 09.                   www.tourisme-lot.com                                                                                                                                  ou si vous avez un projet professionnel (création d’une maison d’hôtes ou d’un gite rural) www.tourisme-lot-ressources.com.

MAISONS PAYSANNES DE FRANCE :                                                                                         www.maisons-paysannes.org. 01 44 83 63 63, 8 Passage des Deux Sœurs 75009 PARIS ; (entrée par le 42 rue du Faubourg Montmartre).

Aider à sauvegarder les maisons anciennes et leurs dépendances, promouvoir une architecture contemporaine de qualité en intégrant les économies d’énergie ; protéger le cadre naturel et humain des maisons et de leurs agglomérations. Un service-conseil gratuit : avec des architectes bénévoles au siège, les mardis et mercredis après-midi de 14h à 17h30. Sur place, par le service de la délégation du Lot. Documentation sur le site et par la revue (parution trimestrielle). Bibliothèque consultable au siège. En vous abonnant, vous accédez gratuitement aux archives de la revue DomusDoc, notre base documentaire en ligne.

DÉLÉGATION DU LOT : Joëlle MAILLARD Le Mas Delord 46250 GINDOU                                        Adresse postale : 3 rue de Copenhague 75008 PARIS 01 42 93 45 41.

VIEILLES MAISONS FRANÇAISES                                                                                                         www.vmf.net ; 93 rue de l’Université 75007 PARIS 01 40 62 61 71.                                               DÉLÉGATION DU LOT : Bruno d’ARCIMOLES 46120 RUEYRES 05 65 40 85 04.

INSTITUT SUPÉRIEUR DE RECHERCHE ET DE FORMATION aux métiers de la pierre. www.institut-de-la-pierre.com

                                                                                                                                                                                                                

UN GRAND NOMBRE DE RECUEILS D’ARTICLES PARUS DANS LA REVUE PEUVENT ÊTRE COMMANDÉS AU SIÈGE : 30 TITRES REGROUPANT DES ÉTUDES, DES CONSEILS OU DES REPORTAGES AYANT TRAIT À DES THÈMES VARIÉS.                                                                 Consulter le site de Maisons Paysannes de France : www.maisons-paysannes.org

Vous y trouverez des recueils techniques sur l'isolation, le chauffage, les portes, les fenêtres, les volets, les fours à pain, les divers usages de la chaux, les charpentes et les pans de bois, ainsi que des fiches conseils concernant le bâti ancien, son comportement thermique et son comportement hygrométrique, la ventilation dans le bâti ancien, le chauffage, les abords, les combles, les murs, les ouvertures, les planchers, mais aussi les diverses possibilités d'aides ou de subventions, sans oublier les politiques publiques et les obligations. Bref tout ce qui peut intéresser la restauration d'une maison paysanne. Nous ne saurions trop vous en recommander la lecture.

 

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